Attention ! réponse longue, et pas forcement instructive
J'allais répondre quand j'ai vu que Patrick m'a promu "superman du BIM" !!!
C'est un titre que je n'assumerai surement pas, parce que je n'ai qu'une connaissance théorique du BIM, et comme je ne pratique plus comme professionnel de l'architecture, j'ai des doute sur la mise en application...
Du coté théorique, le BIM c'est l'assurance de se donner les moyens de tout prévoir dans le bâtiment avant de commencer à construire, mais aussi d'avoir une représentation virtuelle la plus complète et fidèle du bâtiment pour pouvoir tout évaluer et gérer même une fois que la construction est terminée.
On sait que les différents corps de métier liés à la construction ne parlent pas le même langage, qu'ils ne représentent pas les mêmes choses de la même façon, qu'ils ne s'intéressent pas tous aux même aspects du même bâtiment... Le BIM est l'outil qui rendrai universel l'objet de communication et permettrait donc de faciliter les échanges sans erreur en faisant que chacun regarde la même "maquette" mais avec son propre regard.
Jusque là, c'est plutôt positif...
Mais (ben oui, il y a un "mais", sinon il n'y aurait pas d'interrogation sur le sujet)...
Pour arriver à cette maquette, il faut d'abord plus de travail en amont, que tous les corps de métiers participent à la conception en donnant leur avis éclairé... et ça, les archis n'aiment pas trop. Ils ont l'habitude de travailler plus ou moins seuls lors de la conception pour aller trouver des réponses des autres intervenants une fois que le projet est accepté et est en bonne voie de réalisation. En plus, ça les oblige à utiliser un outil numérique puissant dès l'esquisse alors que cette phase était plutôt faite à la main ou avec des outils simples, rarement 3D.
Pour les logiciels, du coté des architectes, le plus avancé est à mon avis Revit à cause de la puissance d'Autodesk (et ça me coute de reconnaitre ça !). Derrière on a ArchiCAD qui profite d'une relativement bonne diffusion chez les architectes français (après AutoCAD qui lui n'est pas BIM, et en plus très souvent utilisé en 2D...), puis des logiciels moins diffusés comme VectorWorks ou Allplan, voire Arc+.
Au delà des logiciels, il faut aussi regarder les serveurs BIM, ces plateformes qui vont permettre aux différents utilisateurs de partager les documents et d'échanger de manière efficace. Abvent (qui commercialise ArchiCAD) propose une bonne solution qui permettrait (je n'ai pas encore testé) de pouvoir se connecter avec ArchiCAD ou Revit et donc de pouvoir travailler sur un même projet sans avoir à changer de logiciel. Autodesk de son coté mise sur sa puissance pour forcer tout le monde à passer sur ses logiciels.
Reste maintenant à savoir qui aura réellement besoin du BIM, ou plutôt jusqu'à quand pourront nous nous passer du BIM selon le flux de travail qu'on a déjà mis en place, la taille des projets qu'on manipule et les différents intervenants avec qui on a besoin de partager.
J'ai eu cette discussion dernièrement avec un artisan fontainier qui doit travailler avec une grosse boite d'archi qui lui demande de se mettre sur Revit pour pouvoir intégrer le flux d'échange BIM mis en place par l'agence. Cet artisan voit mal comment il peut s'équiper avec un logiciel qui va lui couter à peu près le quart de ce qu'il gagne, et je le comprend !
Pour finir, pour les formations on trouve un peu de tout...
D'abord, chaque revendeur de logiciel propose des formations orienté BIM sur ses propres logiciels. C'est donc souvent mono orienté et on passe à coté des problèmes d'échange et de partage quand on travaille en milieu hétérogène...
On trouve aussi des formations plus théoriques qui permettent de bien comprendre les enjeux mais pas vraiment de toucher du doigt la pratique réelle (ce serait plutôt ma spécialité ! Mais pour me défendre, je pense que le métier n'a pas encore intégré le BIM et c'est donc dur de parler de "pratique dans la profession").
Enfin on trouve des formations plus globales qui ouvrent à un nouveau métier : le "BIM manager". Ce poste là est très important parce qu'il est amené à gérer la donnée : c'est lui qui va définir la façon dont les échanges devront se faire, les attentes de données de chacun des intervenants, les accès aux données... Donc un poste de méga gestionnaire technique du projet. Je ne vais pas juger de la qualité de ce type de formation parce qu'on trouve un peu de tout, mais ceux qui auront cette qualification seront les personnes importantes du projet et trouveront du travail sans problème parce que ce seront les seuls à qui on fera confiance sur sa connaissance globale du sujet (à tort ou à raison).
Bon, malgré la longueur de ma réponse, je ne sais pas si ça éclairera vraiment vos avis sur le sujet